6ème colloque scientifique international sur le syndrome de Wolfram
Vannes, les 27 et 28 juin 2016
Il réunira une quarantaine de congressistes : scientifiques, médecins, industriels, représentants de malades, provenant de 11 pays (Europe, Etats-Unis, Japon).
Le programme permettra de faire le tour de l’ensemble des projets de recherche consacrés à la maladie (depuis les mécanismes cellulaires, jusqu’à la description clinique de la maladie, en passant par la prise en charge médicale et la mise au point de traitements).
Des experts internationaux ont été invités pour leurs compétences particulières sur des thématiques brûlantes afin d’apporter un regard neuf aux chercheurs. Nous espérons ainsi que ce colloque permettra l’émergence d’idées originales et l’ouverture d’horizons collaboratifs fructueux.
Le colloque interviendra à un moment clé de la dynamique impulsée par l’association : la mise en place des premières études cliniques pour l’évaluation de tests diagnostiques et de nouvelles pistes thérapeutiques. En plus de partager les dernières actualités de la recherche, il permettra de coordonner les travaux et de discuter les protocoles et la logistique des études.
Le nombre d’inscription est limité pour faciliter les échanges.
Mise à jour : 15 avril 2016
Tous les 18 mois environ, l’Association organise des colloques scientifiques internationaux. Son objectif est de rapprocher l’ensemble des chercheurs, médecins et représentants associatifs afin de discuter des recherches en cours, des lacunes dans les connaissances, des projets à monter et favoriser la collaboration entre tous les acteurs.
A chaque colloque, nous abordons en particulier les thématiques suivantes : la génétique, les mécanismes pathologiques, la recherche de traitements, les essais cliniques, la prise en charge médicale.
Vous trouverez ci-dessous les comptes rendus des colloques année après année :
CONGRES INTERNATIONAUX DE CHERCHEURS ET DE CLINICIENS ORGANISES PAR L'ASSOCIATION
avril 2023
1er jour (17 avril 2023)
« À travers des analyses génomiques et protéomiques sur des tissus rétiniens isolés de souris mutantes, nous avons identifié une réduction significative de l'isoforme de transport du monocarboxylate 1 (MCT1) et son partenaire basigine qui sont hautement enrichis dans la glie rétinienne et les oligodendrocytes formant de la myéline dans le nerf optique. Cela conduit à un état hypométabolique chronique qui peut provoquer une dégénérescence des cellules ganglionnaires rétiniennes ».
Analyse descriptive de 68 patients atteints du syndrome de Wolfram en mettant l'accent sur l'implication neurosensorielle et la possible corrélation phénotype-génotype. Dr. Gema Esteban- Bueno
« Notre travail consiste à fournir une meilleure connaissance de ce qui existe déjà dans le phénotype du syndrome de Wolfram avec une attention particulière à la perte auditive, à travers une étude descriptive et longitudinale de deux groupes de patients atteints d'Espagne et du Portugal. A ce stade de l’étude, aucun schéma définitif ne peut encore être établi pour l’intensité de la perte auditive ou sa progression. Les modifications génétiques homozygotes sont plus graves ».
Explorer de nouveaux biomarqueurs oculaires de la maladie dans le syndrome de Wolfram : Dr Xuehao Cui
« Nous explorons diverses modalités d'imagerie oculaire qui nous fourniraient des outils non invasifs supplémentaires pour surveiller la perte d’acuité visuelle progressive chez les personnes touchées. Notre objectif est de valider les biomarqueurs oculaires de la maladie dans le syndrome de Wolfram qui sont à la fois applicables à la pratique clinique et comme mesures de résultats pour les essais de traitement ».
Pridopidine : un agoniste S1R sélectif et puissant comme traitement potentiel du syndrome de Wolfram : Randal Hand, Prilenia Therapeutics
« La pridopidine fait actuellement l'objet d'essais cliniques pour des affections neurodégénératives (par ex. la sclérose latérale amyotrophique ou la maladie de Huntington. La molécule est actuellement à l'étude expérimentalement dans le syndrome de Wolfram. Il a été démontré que la Pridopidine réduit le stress du RE et améliore la respiration mitochondriale dans les modèles Wolfram ».
« Il devient de plus en plus clair que - bien que les neurones finissent par mourir - il existe un rôle central pour les cellules gliales dans la plupart des troubles neurodégénératifs. Nos études sur les oligodendrocytes dérivés d'iPSC de patients atteints du syndrome de Wolfram révèlent que ceux-ci peuvent être plus vulnérables au stress du RE et afficher des signes de dysfonctionnement mitochondrial. Nous avons validé ces résultats in vivo, en étudiant la rétine et le nerf optique de la souris Wfs1 KO. Ces altérations fonctionnelles précèdent les modifications neuronales structurelles Sur la base de ces données, il est tentant de supposer que les modifications de la substance blanche et la perte neuronale observées chez les patients sont au moins en partie causées par des problèmes avec les fonctions de soutien des oligodendrocytes ».
Avancées sur les approches pharmacologiques et thérapies géniques : Dr Benjamin Delprat
« La pathologie est liée à l'activité déficiente de la wolframine, une protéine transmembranaire du réticulum endoplasmique (ER) impliquée dans les contacts entre le RE et les mitochondries appelées membranes du RE associées aux mitochondries (MAM). Nous avons précédemment démontré que l'amélioration du fonctionnement des MAM en surexprimant NCS1, un partenaire de la wolframine, est efficace pour corriger les altérations cellulaires et comportementales dans nos modèles précliniques de la pathologie. Nous avons ensuite concentré nos recherches sur une autre protéine cruciale de la physiologie des MAM, le récepteur sigma-1 (S1R). Nous avons démontré que l'activation de S1R avec l'agoniste prototypique PRE-084, rétablissait le transfert de calcium et était capable d'atténuer les symptômes comportementaux observés dans les modèles animaux génétiques de la maladie. Nos résultats fournissent une nouvelle stratégie thérapeutique pour les patients ».
Helios - Une étude de phase II sur l'innocuité et l'efficacité de l'AMX0035 dans le syndrome de Wolfram : Dr. Leinders - Amylyx Pharmaceuticals
« AMX0035 est une thérapie combinée de deux composés - TUDCA (acide tauroursodésoxycholique) et phénylbutyrate de sodium (PB). Le produit est approuvé aux États-Unis pour la SLA, pas encore dans l'UE. Le médicament a reçu le statut de médicament orphelin aux États-Unis pour une expérimentation dans le syndrome de Wolfram parce qu’il diminue la mort neuronale et atténue le dysfonctionnement mitochondrial. Une étude ouverte de Ph II a débuté aux États-Unis (F. Urano) pour recruter 12 patients afin d'évaluer l'innocuité et des biomarqueurs exploratoires (en particulier pancréatiques). Le premier patient a été recruté pour cette étude en avril 2023 ».
– « Développement de modèles de différents types de cellules - cellules neurales, ganglionnaires, astrocytes et cellules endothéliales de la barrière hémato-encéphalique - qui peuvent être partagées avec d'autres chercheurs. Édition de base dans le génome effectuée à l'aide du système CRISPR/Cas9. La phase à venir est la traduction résultats obtenus sur des cellules en modèle de souris ».
À la fin de la première journée, le Dr Urano a partagé la liste d'actions convenue lors du 1er Symposium international en 2009. Tous les objectifs élaborés en 2009 ont été atteints sauf un – « Cure » = « Traitement ». Il y a eu une discussion sur les points d'action pour 2023, qui s'est poursuivie à la fin de la deuxième journée.
2ème jour (18 avril 2023)
Commentaires finaux préparés par Fumihiko URANO
mars 2020
à quelques jours de la date prévue, en raison du confinement.
Juin 2018
dédié au syndrome de Wolfram
Nous progressons dans le déchiffrage des mécanismes touchant le système nerveux grâce à de nouveaux modèles cellulaires et animaux…
Les efforts de modélisation de la maladie dans des cellules isolées ou chez l’animal sont importants. D’une part pour faciliter la compréhension des mécanismes pathogènes et d’autre part pour étudier la capacité de médicaments candidats à modifier ces mécanismes.
Les projets présentés lors du congrès nous ont permis de suivre le fil des dérégulations observées dans le système nerveux. Ainsi, une mutation du gène WFS1 entraîne une déficience en protéine Wolframine qui se traduit, entre autres perturbations, par un mauvais fonctionnement des mitochondries, petits compartiments cellulaires essentiels à la production de l’énergie nécessaire aux cellules nerveuses (Dr Allen KAASIK). Bien que cela n’ait pas été démontré formellement, il est possible d’imaginer que cette dysfonction mitochondriale pourrait au moins en partie contribuer à l’altération du développement des neurones qui grandissent à partir de cellules souches induites en formant des structures spécifiques au syndrome de Wolfram dites « en faisceaux » ( Dr Laetitia AUBRY). Ce qui est intéressant, c’est que lorsque l’on permet à ces cellules de fabriquer de nouveau une Wolframine fonctionnelle, ou lorsqu’on les traite avec le médicament découvert par le professeur Timothy BARRETT (qui sera testé dans l’essai clinique européen), les cellules nerveuses retrouvent un fonctionnement et une apparence comparable à celle des cellules contrôles (processus pathogène réversible).
Le poisson zèbre, nouveau top-modèle de la recherche sur le syndrome de Wolfram, introduit par le Dr Patrick YU-WAI-MAN
Ces diverses dérégulations du fonctionnement et du développement des cellules nerveuses trouvent leur corollaire dans les symptômes neurologiques et neurosensoriels observés chez des rongeurs (souris et rats) mimant le syndrome de Wolfram : déficience visuelle, altération des fonctions auditives, modification de certaines structures du cerveau (Jessie VAN HOUCKE, Benjamin DELPRAT, Anton TERASMAA). Ces observations sont en outre récapitulées chez le poisson zèbre, un animal qui, s’il paraît lointain de l’être humain possède des caractéristiques idéales pour étudier le développement de la maladie : une forte homologie génétique avec l’homme et une grande flexibilité expérimentale. Chez le poisson zèbre, la perte d’une protéine Wolframine fonctionnelle entraîne une diminution des fonctions visuelles, une altération de la morphologie de l’oreille, un changement de la structure des neurones, tout ceci découlant vraisemblablement de l’altération des fonctions mitochondriales. Ces résultats indiquent que le poisson zèbre permet de modéliser fidèlement la maladie humaine et qu’il pourra être utilisé ultérieurement pour tester de nouveaux composés pharmaceutiques.
Nous progressons dans la description génétique et clinique de la maladie
Chez l’homme, les troubles neurologiques sont prépondérants. C’est pour cette raison que le professeur Tamara HERSHEY a poussé ses investigations sur le système nerveux des personnes atteintes du syndrome de Wolfram, en utilisant l’imagerie cérébrale. Elle a ainsi pu confirmer la présence d’anomalies structurelles précoces dans certaines régions du cerveau des malades. Selon les régions considérées, un processus neuro-développemental anormal et/ou un processus neurodégénératif seraient à l’œuvre. Certaines de ces modifications morphologiques sont certainement à relier, entre autres symptômes, à d’importants et fréquents troubles du sommeil observés chez les malades (professeur Marie-Pia D’ORTHO). Des études complémentaires avec enregistrement du sommeil sont en cours pour en déterminer les causes et pour identifier les meilleurs modes d’intervention possibles.
Les autres présentations cliniques se sont attachées à décrire les composantes génétiques de certaines formes du syndrome de Wolfram et les différents troubles associés à la maladie. Le Dr David ZANGEN a présenté l’existence d’une mutation fondatrice du gène CisD2 chez des familles palestiniennes non apparentées. De son côté, le Dr Annabelle CHAUSSENOT a décrit le cas de patients ayant une mutation de novo du gène WFS1 (nouvelle mutation présente chez le sujet mais pas chez ses parents) qui entraîne le développement de symptômes très précoces (dès la naissance ; on parle de forme congénitale) et très sévères de la maladie. Au niveau clinique, une haute fréquence d’anomalies de la cornée a été observée chez des patients polonais (professeur Wojciech MLYNARSKI). En outre, des dysfonctions sexuelles chez des patients masculins et féminins sont aussi très souvent observées nécessitant parfois chez le sujet masculin des traitements hormonaux substitutifs pour pallier à une fertilité diminuée (Dr Julia ROHAYEM). Comme on peut s’y attendre, le syndrome de Wolfram, pathologie complexe affectant l’autonomie des personnes, a un impact important sur la qualité de vie des malades et mais aussi de leurs aidants (Mme Dyanne RUIZ-CASTANEDA & Dr Gema ESTEBAN-BUENO).
Nous développons les mesures de l’évolution de la maladie nécessaires aux essais thérapeutiques
Les biomarqueurs sont des caractéristiques physiologiques, pathologiques ou anatomiques qui peuvent être mesurées de manière automatisée et utilisées comme des indicateurs de processus biologiques, de processus pathologiques ou de réponse à une intervention thérapeutique. Sans biomarqueurs fiables, il est impossible d’évaluer correctement l’efficacité d’un nouveau médicament chez l’homme. Leur découverte est donc essentielle, alors que les essais cliniques commencent à se mettre en place. C’est pour cela qu’en 2017, l’Association du syndrome de Wolfram s’est associée à la Fondation Snow et à la Fondation Eye Hope pour financer un projet coordonné par le professeur Timothy BARRETT entièrement dédié à la découverte de biomarqueurs.
Lors du congrès, le professeur BARRETT est longuement revenu sur ce projet, et le professeur Wojciech MLYNARSKI a exposé ses propres résultats. Nos scientifiques se sont penchés sur trois types de biomarqueurs :
- Les biomarqueurs cliniques : examens réalisés lors des consultations hospitalières telles que mesures de l’acuité visuelle, imagerie cérébrale, tests neurologiques,
- Les biomarqueurs sanguins : plusieurs molécules produites par l’organisme et présentes dans le sérum des patients. La production de ces molécules résulte de processus à l’œuvre dans le syndrome de Wolfram (apoptose, neuro-dégénérescence, métabolisme).
- Les biomarqueurs rendant compte du vécu du patient : ils sont basés sur l’évaluation par le patient de l’efficacité d’un nouveau traitement (impact sur sa qualité de vie par exemple).
Au moment où l’essai clinique américain sur le syndrome de Wolfram livre ses premiers résultats, de nouvelles pistes thérapeutiques sont placées sous le microscope….
Il est possible de s’attaquer à la maladie de plusieurs manières : soit en utilisant des médicaments conventionnels, souvent molécules chimiques de petite taille, existant déjà pour traiter d’autres pathologies (on parle de médicaments repositionnés) ou créés spécifiquement pour la maladie, soit en ayant recours à ce que l’on appelle des thérapies innovantes qui consistent à utiliser des molécules normalement produites par l’organisme mais qui font défaut chez le malade (par exemple pour restaurer la présence d’une protéine Wolframine fonctionnelle). Les chercheurs s’intéressent aux deux stratégies. Ce sont donc sept projets thérapeutiques qui ont été présentés lors du congrès de Paris, chacun à un stade différents du parcours de développement d’un médicament.
Etat d’avancement indicatif des principaux projets de recherche thérapeutique sur le syndrome de Wolfram
Du côté des interventions conventionnelles, plusieurs programmes à différents degrés d’avancement sur le chemin du médicament ont été présentés (apparaissant ci-dessous dans l’ordre de leur avancement):
- Le Dr Cécile DELETTRE a présenté un tout nouveau projet concernant une nouvelle molécule qui n’est pas encore disponible sur le marché et qui est actuellement étudiée pour sa capacité à promouvoir la survie des cellules ganglionnaires de la rétine et la régénération du nerf optique.
- Les agonistes au Glucagon-like protein 1 représentent une classe de médicaments dont certains sont déjà utilisés en clinique pour traiter le diabète sucré. La littérature décrit également leur possible effet neuroprotecteur. Différents intervenants au congrès ont testé leur potentiel pour traiter le syndrome de Wolfram (Jessie VAN HOUCKE, Anton TERASMAA, Mariana IGOILLO-ESTEVE, Yukio TANIZAWA). Les expériences réalisées montrent que ces médicaments ont un potentiel pour améliorer les paramètres pancréatiques et des premiers résultats suggèrent également une amélioration de certains paramètres visuels.
- L’essai clinique américain de Phase I coordonné par le professeur Fumihiko URANO a débuté et consiste à tester un médicament déjà utilisé en clinique pour d’autres indications (spasticité ou hyperthermie maligne). A ce jour, 21 patients ont été enrôlés dans l’essai et différents paramètres ont été mesurés : innocuité et efficacité sur les paramètres pancréatiques et visuels. Cependant les premiers résultats semblent mitigés car pour le moment, seules les fonctions pancréatiques semblent améliorées et pas la vision. De nouvelles molécules agissant de manière similaire sont en cours d’investigation.
- L’essai clinique européen de Phase II monté par le professeur Timothy BARRETT, consiste à évaluer l’efficacité, chez les patients atteints d’un syndrome de Wolfram, d’un médicament déjà utilisé en clinique pour traiter l’épilepsie. Les médecins s‘attendent à ce qu’il freine la progression de la maladie. L’essai clinique, consistera à évaluer l’innocuité, mais aussi l’effet du médicament sur la vision et le cerveau. Il devrait débuter en Europe à l’automne 2018.
- Le professeur Catherine VERFAILLIE se propose d’utiliser la technologie dite des CrispR-Cas9 pour intervenir directement sur le gène WFS1 pour corriger ses mutations, notamment dans les cellules ganglionnaires de la rétine. La faisabilité de cette stratégie est à l’étude.
- Le professeur Fumihiko URANO est revenu sur son projet utilisant le facteur neurotrophique MANF dont il avait déjà fait état lors du dernier congrès à Vannes. MANF (une petite protéine sécrétée naturellement par l’organisme) exerce un rôle protecteur favorisant la survie des cellules nerveuses. D’après des résultats préliminaires, l’injection de MANF à des souris « Wolfram » par une technologie de thérapie génique empêcherait la perte d’acuité visuelle. Ces résultats nécessitent d’être enrichis.
- Le Dr Cécile DELETTRE a présenté l’ensemble des résultats obtenus sur la souris « Wolfram » traitée par thérapie génique oculaire. Elle a réussi à démontrer que l’injection d’un gène non muté permet tout à la fois de réduire la progression de la perte visuelle, améliore la structure du nerf optique et favoriserait même l’amélioration de l’acuité visuelle chez les animaux « Wolfram », bien que ceci reste à confirmer définitivement.
Virginie Picard, le 29 juin 2018
Compte rendu complet sous format PDF : Ici
Juin 2016
6ème colloque international & 1ère conférence grand public
consacrés au syndrome de Wolfram
Un grand et beau succès !
Le beau temps, qui était au rendez-vous lui aussi, nous a permis d’emmener nos 37 congressistes et deux élus locaux sur un bateau qui leur a fait visiter le Golfe du Morbihan. Une pause bien méritée pendant ces deux jours de travail intensif.
La Bretagne à l’origine d’un magnifique parcours médico-scientifique – Comme l’a rappelé N. Le Floch, Vice-Présidente Recherche, lors de son discours d’ouverture du colloque, les racines bretonnes de l’association sont profondes. Sans les extraordinaires soutiens locaux et l’énergie déployée par les bénévoles de cette région, l’association n’aurait jamais pu en arriver là où elle est aujourd’hui. Après presque dix ans d’activité, ses réalisations sont nombreuses. Toutefois, on ne peut pas ralentir en si bon chemin ! Aujourd’hui, l’objectif est que la communauté Wolfram, unifiée autour d’objectifs communs, accélère encore le pas car les progrès obtenus, certes inimaginables il y a quelques années, ne permettent pas encore aujourd’hui de soigner définitivement les enfants et les adultes affectés par la maladie.
Les ressorts cellulaires et moléculaires de la maladie sont patiemment décryptés – De nombreuses présentations ont été faites au cours du colloque pour disséquer les mécanismes du syndrome de Wolfram. Force est de constater qu’il reste encore aujourd’hui beaucoup de zones d’ombre dans les causes cellulaires de la maladie. Mais les connaissances progressent ! Ainsi, B. Delprat de Montpellier a fait part d’une nouvelle découverte qui montre que dans le syndrome de Wolfram, la bonne communication entre deux compartiments cellulaires importants entre autres pour la synthèse des protéines et la production d’énergie est empêchée. Cette découverte est importante car elle permet de mieux cerner le rôle de la Wolframine, protéine dont le déficit, entraînant la mort cellulaire, est la signature du syndrome de Wolfram de type 1.
Les critères permettant de quantifier la progression clinique de la maladie se précisent – Les connaissances sur le développement de la maladie humaine avancent. C’est important d’une part pour mieux décrire la pathologie et mieux soigner les malades, mais c’est également important lors d’essais cliniques, quand les médecins ont besoin de critères mesurables pour décrire l’effet d’un médicament sur l’état de leurs patients. Une session entière du colloque a donc été consacrée à cette thématique. La présentation qui a le plus particulièrement retenu notre intérêt est celle de T. Hershey (Université Washington, USA) qui a mis en évidence, chez des patients, et par imagerie médicale, une diminution significative et reproductible du volume d’une région du cerveau impliquée notamment dans la motricité et les fonctions autonomes (digestives, respiratoires, cardiaques, et glandulaires). Cette altération pourrait expliquer plusieurs des symptômes se déclarant au cours de la maladie.
La caractérisation des médicaments candidats se poursuit activement et de nouvelles pistes se dévoilent… – Comme nous l’avions déjà annoncé, plusieurs programmes thérapeutiques sont en cours. A Montpellier, la mise au point de la thérapie génique oculaire progresse, et les derniers résultats, obtenus chez un modèle de souris sont encourageants quoique non conclusifs (J. Jagodzinska). Des travaux supplémentaires, qui s’étaleront sur une bonne année, sont encore nécessaires. Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, deux programmes thérapeutiques sont sur le point d’aboutir à des essais cliniques (F. Urano ; T. Barrett). La date de démarrage de ces essais n’est pas connue avec précision, car les étapes réglementaires et logistiques nécessaires avant de lancer le recrutement des patients sont multiples, sans compter que des fonds importants doivent être levés pour les organiser. Une étape essentielle vient toutefois d’être franchie : les deux médicaments candidats ont obtenu la désignation médicament orphelin, une condition indispensable pour lancer des études chez l’homme.
Enfin, les chercheurs ne s’arrêtent pas là. Aux Etats-Unis et à Montpellier, de nouvelles pistes sont à l’étude.
Les soins s’organisent – C’est chose faite depuis novembre 2015! Le professeur Orssaud a fait part lors du colloque de l’ouverture, à Paris, de la première consultation pluridisciplinaire entièrement consacrée au syndrome de Wolfram.
Un réseau mondial de collaborations se tisse – Depuis notre premier colloque en 2009, de nombreuses collaborations se sont mises en place entre les différents laboratoires et consultations du monde entier qui se consacrent à la prise en charge médicale et à la recherche sur le syndrome de Wolfram. Ces collaborations ne font que se renforcer à l’approche des essais thérapeutiques. Mais la dynamique créée par les chercheurs et les médecins est également en train de s’organiser entre représentants de malades. En effet, des associations belge et italienne tout nouvellement créées sont venues renforcer un réseau déjà composé d’une dizaine d’autres. L’ensemble des associations se réunira dans le courant de l’automne, vraisemblablement à Paris, pour discuter d’actions communes.
Les soutiens se renforcent – En marge du colloque scientifique, l’association a organisé une conférence grand public le mardi 28 juin au soir. Le programme en a été très riche, et les 150 personnes de l’auditoire, dont de nombreux bénévoles, ont ainsi pu entendre de vive voix ceux qui font la Communauté Wolfram : familles, malades, chercheurs, soutiens et partenaires, qui sont venus partager avec le public les raisons de leur engagement, leurs projets et leurs espoirs. Aux dire des personnes présentes, la soirée a été un moment fort en émotion, de grande qualité, où il a été possible de toucher du doigt ce qu’est une maladie rare et entendre des chercheurs de haut niveau. Nous ne doutons pas que cette soirée, à la fois grave et festive, contribuera au renforcement de nos forces vives !
Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir… – Le développement de médicaments efficaces et sûrs nécessite un très long chemin semé d’embûches, et malgré la qualité et l’intensité des travaux actuellement menés, les résultats encourageants obtenus, il n’est pas encore possible de dire si un des médicaments candidats actuellement identifié pourra un jour sinon guérir définitivement de la maladie, du moins soulager les personnes atteintes du syndrome de Wolfram. Par conséquent, il est important de ne pas relâcher les efforts. Il faut continuer à soutenir les travaux en cours, les renforcer, mais également prévoir d’autres projets en parallèle, porteurs de nouvelles pistes. Des initiatives susceptibles d’enrichir la connaissance de la maladie et la découverte de stratégies thérapeutiques alternatives sont indispensables, afin de garantir la victoire sur la maladie. Pour y contribuer, l’association ambitionne l’organisation d’un nouvel appel à projets dans les mois à venir. Elle multiplie les efforts pour lever les fonds nécessaires, et elle a besoin pour cela de toutes les énergies disponibles.
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Février 2015
L’avis est unanime : des progrès très importants ont été réalisés depuis notre premier colloque en 2009! Un registre international de patients a été créé, des recommandations de prise en charge cliniques ont été réalisées, les connaissances sur les mécanismes physiopathologiques de la maladie ont été approfondies, et plusieurs projets de recherche ont vu le jour, certains donnant des résultats très prometteurs en terme de modélisation de la maladie ou de développement de nouvelles thérapies.
Vous trouverez ci-dessous quelques-uns des points forts relevés :
Génétique : plusieurs cas de Syndrome de Wolfram atypiques ont été exposés (Lisbeth Tranebjaerg, Université de Copenhague et Annabelle Chaussenot & Cécile Rouzier du CHU de Nice). Quand de multiples signes du Syndrome de Wolfram se manifestent, mais que le gène WFS1 n’est muté qu’au niveau d’un seul allèle, alors l’implication d’autres gènes doit être recherchée. En outre, il conviendrait de vérifier les parties non codantes et le promoteur du gène. En tout état de cause, le Syndrome de Wolfram présente des caractéristiques très hétérogènes et les participants se sont demandé si sa classification ne devrait pas être revue.
Mai 2013
Résultats des projets de recherche présentés à la conférence en Octobre 2011. Les avancées décrites sont les suivantes :
- 1/3 des patients SW japonais n’a pas de mutation dans le gène codant la wolframine. Des mutations responsables de ces cas de SW sont recherchées sur d’autres gènes.
- Bilan des atteintes neurologiques chez les patients atteints de SW : vision des couleurs et identification de l’odeur altérées, pas de déficits cognitifs mais anxiété et dépression, problème de démarche et d’équilibre. Ces anomalies seraient dues à un défaut de développement du cerveau.
- La délétion expérimentale du gène codant la wolframine dans une lignée de cellules beta du pancréas a permis d’avancer sur la compréhension du mécanisme d’action de la wolframine. En absence de wolframine, le métabolisme du calcium et la maturation de la pro-insuline en insuline sont altérés.
- L’étude des relations entre les mutations sur l’ADN des patients et les caractéristiques de la maladie pourrait permettre de développer une méthode prédictive du développement de la maladie vers le diabète ou l’atrophie optique.
- Un modèle expérimental chez la souris a montré que la délétion de l’exon 2 du gène codant la wolframine ne conduit pas à la surdité et ne semble pas avoir d’effet sur la vision. Les effets de la délétion de l’exon 8 sont en cours d’étude.
- La calpaine-2 joue un rôle dans la mort des cellules du pancréas et les cellules neuronales. La calpaine 2 est suractivée et son substrat la caspase-12 est augmenté chez les patients SW. Ces molécules pourraient être de nouvelles cibles thérapeutiques.
Nouvelles collaborations :
1) Fondation Maladies raresCette fondation (http://fondation-maladiesrares.org) a pour but d’améliorer la compréhension et le traitement de maladies rares. Elle a été créée en réponse au 2ème plan sur les maladies rares lancé par le Ministère de la santé et est financée par le Ministère de la recherche. Sa vocation est le financement de projets de recherche sur le sujet.
2) Phenocell
Phenocell est une entreprise issue du projet I-STEM (Institut des cellules souches pour le traitement et l'étude des maladies monogéniques). Phenocell est en charge de développer et de produire des cellules souches à façon dans des conditions contrôlées, définies et validées.
Table ronde - Discussion :
1) Compréhension de la biologie de la protéine wolframineUne anomalie de la protéine wolframine est à l’origine du syndrome de Wolfram. Pour cette raison, les recherches sur la fonction de cette protéine sont développées. La wolframine est localisée dans le réticulum endoplasmique. Cette localisation suggère que la fonction de la wolframine pourrait être de réguler le calcium, les mouvements et la maturation des protéines dans la cellule et de contrôler le trafic des ions Calcium et Sodium dans la cellule.
Il faudrait : 1 - élaborer un model animal qui reproduirait la maladie humaine et 2 - mieux décrire les anomalies observées dans les vésicules contenant les neurotransmetteurs dans les cellules beta du pancréas.
2) Développement de nouveaux biomarqueurs pour améliorer la prise en charge de SW
Il n’existe pas de biomarqueurs fiables (cliniques, biochimiques ou d’imagerie) qui reflètent l’histoire naturelle de la maladie et puissent permettre le suivi d’une thérapie. Le seul marqueur utilisé est une échelle des complications neurologiques (Washington Unified Rating Scale, WURS) mais il n’est pas validé par tous les centres de soins.
Dans le domaine clinique, il faudrait définir des critères de progression de la maladie qui prennent en compte la neurologie, l’ophtalmologie l’endocrinologie et la qualité de la vie des patients. Plus précisément, il faudrait valider le marqueur WURS en augmentant le nombre de centres, établir un protocole commun pour l’OCT (Optical Coherent Thomography) qui mesure l’épaisseur de la rétine.
Dans le domaine de la recherche, il faudrait répondre aux questions suivantes :
- Doit-on construire une banque de sérums prélevés à différents temps de la maladie qui permettrait de suivre l’évolution de certains marqueurs ? Les conditions de prélèvement devraient alors être précisées.
- Doit-on définir et standardiser les prélèvements de tissus (sérum, urine, peau) ?
- Doit-on mesurer la fonctionnalité des cellules beta du pancréas au cours de la maladie ?
Différentes mutations du gène codant la wolframine sont associées à SW. Il faudrait définir un test fonctionnel qui permette d’analyser les conséquences de chacune des mutations sur la fonction de la protéine.
3) Développement de nouveaux traitements
Fumi Urano pense que le syndrome de Wolfram commence par un défaut de la fonction du réticulum endoplasmique (ER) qui conduit à un défaut du taux de calcium et une augmentation du taux de certaines protéines qui conduisent à la mort cellulaire. Les stratégies thérapeutiques seraient d’empêcher la fuite de calcium du réticulum endoplasmique pour bloquer in fine la mort cellulaire. Deux médicaments ciblant ce processus, sont en cours d’investigation.
Par ailleurs, un projet de thérapie génique qui cible l’atrophie optique est développé à Montpellier, la première injection a été réalisée fin avril. Il utilise un modèle de souris déplétées pour le gène de la wolframine. La compagnie pharmaceutique Roche s’intéresse à ce projet pour développer la recherche sur les désordres liés aux stress du réticulum endoplasmique.
Delphine BONNET de l'équipe de Montpellier.
Harmonisation du suivi clinique :
1) Enquête préliminaire sur les atteintes urologiquesLe premier orateur a présenté une étude préliminaire concernant les atteintes urologiques des patients WS. Les symptômes sont fréquents (20 sur 22) et 6 sur 22 ont des troubles sévères ayant un impact sur leur qualité de vie. Un suivi urologique est donc proposé chez les patients WS.
2) L’association WS française propose un questionnaire pour répondre à la question : qu’attendent les familles des professionnels de santé. Les participants proposent de répondre à cette question en interrogeant les membres des associations.
3) Un guide de suivi et d’informations des patients atteints du syndrome de Wolfram.
a été présenté et est pratiquement terminé.
Octobre 2011
Le groupe de chercheurs
1ère session : Progrès et nouvelles des projets de recherche en cours.
Résumé rédigé par Guy Lenears
Intervenants:
Dr. Lisbeth TRANEBJAERG, U. of Copenhagen, DK,
Dr. Vallo TILLMANN, U. of Taru, ESTONIA,
Dr. Delphine BONNET Inserm U1051, Montpellier, FR,
Dr. Fumihiko URANO, U. of Massachusetts, Worcester, USA.
2ème session : Aspects neurologiques du syndrome de Wolfram (aspects cliniques, perspectives de recherché, présentation de l’appel à projet de l’association …).
Résumé rédigé par Alan Permutt
Intervenants:
Dr. Seley GHARANEI (U.of Birmingham, GB),
Dr. Annabelle CHAUSSENOT (U. Nice Sophia-Antipolis, France),
Dr. Tamara Hershey (Washington U. in Saint-Louis, USA),
Dr. Miguel Lopez De Heredia (IDIBELL and CIBERER Barcelona, Spain),
Dr. Nathalie KAYADJANIAN (Consultant for french wolfram association))
Seley GHARANEI | Annabelle CHAUSSENOT |
3ème session : Multidisciplinary consultations.
Résumé réidgé par Véronique Paquis
Intervenants:
Dr. Timothy BARRETT (U.of Birmingham, GB)
Dr. Bess Marshall (Washington U. in Saint-Louis, USA)
Dr. Luisa BOTELLA CUBELLS (La Inmaculada Huercal-Overa, Almeria, Spain)
Dr. Christian HAMEL (Montpellier Institute of Neurosciences, France)
Christian HAMEL | Véronique PAQUIS | Bess MARSHALL |
Juin 2010
Il semble que nos initiatives aient apporté beaucoup à la communauté scientifique, ayant permis le rapprochement des experts, la mise en commun de leurs résultats et de leurs idées. Les débats furent nourris, enthousiastes et créatifs. Nous assistons à la mise en place d’un consortium international de recherche. Ce consortium devrait entreprendre des travaux de recherche fondamentale (génétique, mécanismes physiopathologiques) comme des travaux orientés vers la clinique (registre de patients, suivi médical, mise au point de thérapeutiques).
Ils ont décidé de l’harmonisation du suivi médical :
En particulier, ils se sont penchés sur la nature des examens à pratiquer, leur fréquence, la création éventuelle de centres de référence nationaux.
En plus de renforcer et d’améliorer le soutien apporté aux malades et à leurs familles, une prise en charge plus efficace permettra une meilleure connaissance de la maladie et une meilleure compréhension de son évolution.
Pour finir, ils ont présenté les projets de recherche en cours ou à venir.
De nombreuses idées et résultats ont ainsi été partagés, sur la correspondance des données génétiques et des données physiopathologiques, sur les fonctions cellulaires altérées conduisant à l’apparition des symptômes, et sur les pistes thérapeutiques envisagées.
La présentation du projet de thérapie génique de l’œil a attiré l’attention de tous, avec les premières analyses des fonctions visuelles chez des souris japonaises reproduisant les caractéristiques de la maladie. Les premiers résultats indiquent que la souris serait probablement un bon modèle pour tester l’efficacité de la thérapie génique de l’œil. Si ces résultats se confirment et sous réserve de financement, l’équipe montpelliéraine espère commencer les premiers essais sur les souris à l’automne 2010.
Ce projet a été présenté à la réunion du groupe de thérapie génique de l'oeil de l'AFM début juin 2010 :
Enfin, un jeune chercheur français a rejoint le groupe et espère pouvoir utiliser les souris dans un projet de recherche sur la composante auditive de la maladie.
Nous sommes très heureux de ces débats et des projets qui se mettent en place. L’essentiel est surtout que nos invités se sont montrés très motivés et solidaires. Des échanges de compétence et de savoir-faire voient le jour. Les contacts se sont établis et seront entretenus. Nous y veillerons.
Octobre 2009
Nous les remercions tous :
De gauche à droite : Cécile Julier (France) Gema Esteban Bueno (Espagne) Sonya Fonseca (USA) Fumihiko Urano (USA) Timothy Barrett (GB) Virginia Nunes (Espagne) Christophe Orssaud (France) Samira Saadi (France) Annabelle Chaussenot (France) Nathalie Kayadjanian (France) Véronique Paquis (France) Yukio Tanizawa (Japon) Bernard vialettes (France) Guy Lenaers (France) George Halaby (Liban) Christian Hamel (France) Virginie Picard (France) Miguel Lopez De Heredia (Espagne)
Pour toutes les familles, cette réunion est la première étape qui nous permet d'espérer.
Les projets soutenus par l'Association
Grâce aux fonds qu’elle a levés, l’Association a été à même de lancer un certain nombre d’actions visant à dynamiser la recherche sur le syndrome de Wolfram. En voici quelques-unes :
Mise à jour : 20 février 2019